J28 : La pandémie des oxymores
Oxymore, oxymoron : nom masculin, Figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoires.
Exemple d’oxymore : « une douce violence ».
Cette période est décidément surprenante en tout. Et notre langage n’échappe pas à la règle.
Nos conversations, celles que nous arrivons à maintenir, se sont enrichies d’un vocabulaire nouveau.
Covid, Coronavirus se sont invités à table. Intubation et asymptomatique n’ont plus de secrets pour nous. Nous sommes tous devenus infectiologues amateurs et épidémiologistes de salon.
On dit fréquemment que les mots utilisés sont extrêmement révélateurs. Que penser dans ce cas de cette avalanche d’oxymores dans notre nouveau vocabulaire ?
Covid, le premier, même si je l’avoue cet exemple est un poil tiré par les cheveux. Comment associer le préfixe “co” qui signifie “avec” et le vid(e) qui l’accompagne ? Notre virus est un pas grand chose accompagné de vide ? ça laisse rêveur.
Confinement, ce terme que nous subissons de plus en plus difficilement, est un autre exemple remarquable. Peut-on être “con” et “fin” en même temps ?
Oxymore, sans doute, la “distanciation sociale” nous montre au grand jour les écarts de langage imaginés pour rendre acceptable l’inconcevable. Nous voilà désormais à nous cloîtrer derrière des “gestes barrières” qui allient la volubilité et le statique.
Il nous faudra veiller à ce que “droits de l’homme” ne devienne pas un oxymore à son tour.
Nos mots nous ressemblent, veillons à ne pas trop ressembler à ceux qu’on nous impose.