J35 : Tous coupables !
Tous coupables !
Cette crise se prolonge. On en a vu les multiples aspects, généralistes ou plus intimistes. Mais à qui devons nous cette réclusion ? Qui est à l’origine de cette crise ?
En cherchant bien, il est facile de trouver un coupable, puis plusieurs, puis tellement que nos certitudes s’effacent, que le doute perdure. A qui la faute ?
Coupables
Le pangolin : le coupable idéal. Coupable d’être comestible, coupable simplement d’exister, le pangolin paie là son rôle de passerelle entre l’animal et l’homme. Son look et sa dégaine nonchalante ne plaide pas en sa faveur. Le “Georges” de Desproges plaide coupable par défaut. Une solution de facilité puisque nous ne risquons pas de voir l’animal se défendre.
La chauve-souris : le complice. L’animal porteur du virus à l’origine et qui l’a sans doute refilé au premier. Là encore, nous oscillons entre délit de sale gueule et présupposés péjoratifs. Qui aime les chauve-souris ?
Le chinois : oui celui-là. L’hypothétique patient zéro, celui qui a trouvé malin de se faire mordre, griffer, éternuer dans les bronches (rayez la mention inutile) par un pangolin infecté. Non content d’avoir permis l’émergence de cette zoonose, il l’a fait dans un endroit surpeuplé. Si la suite n’avait pas été aussi dramatique, un tel comble de négligence aurait prêté à sourire.
Les chinois, la chine : l’entité de tous les fantasmes. La puissance qui menace d’éclipser les pays dit occidentaux. Est-il si loin le méchant docteur Fu-Manchu de série Z ? L’image d’Épinal du méchant asiatique aux yeux exagérément bridés et à la grimace maléfique reste bien ancrée. La chine fait peur et elle joue son rôle à la perfection, alliant autoritarisme sans limite et maladresses diplomatiques.
Les savants fous, les laboratoires secrets : et là nous plongeons dans la galaxie des complotistes de tous poils. Et pourtant les rumeurs ne cessent d’apparaître, d’enfler, de circuler. La crainte est réelle, les boucs-émissaires parfois un peu moins.
La mondialisation : ici encore chacun réagira avec sa sensibilité et ses préjugés. Pandémie due à l’usage sans retenue des ressources de notre planète, aux absurdités d’un système toujours plus avide ? Sans doute, mais est-ce l’heure du procès ?
Nous : pourquoi serions nous exempts de toute responsabilités ? Nous qui par nos comportements, nos silences, nos peurs et notre indifférence laissons trop souvent notre monde se déliter sous nos yeux. Individuellement, certains se diront qu’ils font de leur mieux, sans doute. Mais qu’en est-il de notre responsabilité collective ?
(spécial dédicace à pangolin et pipistrelle, reclus du 9-3)