J43, confinés et confits ?
Confits ou confinés ?
Cette longue période d’enfermement nous amène à évoluer. Peu à peu nous changeons et notre perception de ce qui nous entoure se transforme.
Le familier se révèle sous un autre angle, l’étrange devient parfois quotidien. La claustration nous tourne la tête.
Etre confinés comme nous sommes m’amène à percevoir différemment certains aliments. Au détour d’un placard, je sens naître en moi une forme d’empathie surprenante pour un confit de canard.
Solidarité des confits-nés
Bizarrement, je me sens pris de remords vis à vis de ce canard.
Certes cette boite de conserve ne ressent rien qui puisse s’apparenter à de la souffrance, mais cette notion de confit m’interpelle. Confire est une méthode de conservation des aliments, pourquoi leur avoir fait subir ça ? Etre confiné, est-ce vraiment éloigné d’être confit-né ?
Proximité des mots, sensations de cuisson à feu doux pour les confinés que nous sommes. Tout vient se bousculer dans mes pensées, émotions contradictoires, les 43 jours passés finissent par brouiller la cohérence de mes raisonnements.
La similarité sémantique fait que je me sens “confit de canard”.
Nos placards, un lieu de confinement ?
Par extension je pense à tout ce qui est confit dans mes réserves.
Confitures, fruits confits, tomates confites, je les passe une à une en revue. Je pense créer une amicale des confits, une internationale ? Dois-je me sentir coupable, les libérer ? Il me faut leur parler, m’excuser de cet enfermement.
On sonne à la porte.
Deux messieurs, costauds, tout de blanc vêtus me sourient et me parlent doucement. Derrière eux un véhicule et son gyrophare stationne…